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Urgence Réforme Gouvernance Mondiale – Le rapprochement Euro-BRICS au service de la mise à niveau du système ou comme matrice d’un nouveau modèle ?

RAPPORT COMPLET DU SEMINAIRE

RECOMMANDATIONS AUX DIRIGEANTS DU G20, EN AMONT DU SOMMET DE ST PETERSBOURG

Traduction en chinois de la Note Stratégique

Traduction en portugais de la Note Stratégique

Traduction en russe de la Note Stratégique

La crise de légitimité que traversent les institutions de la gouvernance mondiale misent en place après 1945 est en train d’aboutir à un effondrement pur et simple de l’ancien cadre de coopération internationale. Or rien à ce jour ne semble prêt à le remplacer en dehors d’une myriade de projets d’intégration régionale plus ou moins aboutis. Les entités régionales et supranationales qui se constituent actuellement à marche forcée dans un contexte d’urgence croissante forment bel et bien les briques du monde multipolaire de demain. Ces intégrations sont certes une étape indispensable, mais sans un nouveau cadre de gouvernance « mondiale » capable de réunir harmonieusement ces nouvelles composantes, les conflits d’intérêt ne tarderont pas à les opposer et entraineront vite le monde dans les logiques qui ont régnées en Europe de la fin du XIX° siècle à la première moitié du XX° siècle.

Ces tensions, chacun peut dès aujourd’hui les voir déjà monter entre blocs sur les thèmes de l’accès aux matières premières, du commerce, des monnaies, le tout plaçant sous haute pression la fragile paix mondiale et mettant en péril l’impressionnant développement des puissances émergentes ainsi que la longue période de prospérité des puissances occidentales.

Le prochain G20 qui doit se tenir à Saint-Pétersbourg en septembre est la prochaine occasion que le monde se donne pour trouver des solutions aux difficultés croissantes que rencontre son équilibre. Or le temps presse…

De la nécessaire réforme du système monétaire international au projet euro-BRICS

En mars 2009, sur la base de trois années d’anticipations justes de la crise systémique globale, LEAP/E2020 appelait les dirigeants du G20 à se mobiliser énergiquement en faveur de réformes courageuses s’attaquant aux racines de la crise. La principale recommandation de cette lettre ouverte, signée par notre regretté directeur des études et de la stratégie Franck Biancheri et publiée en pleine page de l’édition internationale du Financial Times, portait sur la réforme du système monétaire international considérée comme la clé de la crise.

Depuis lors, LEAP n’a cessé de répéter que « le dollar américain et l’économie des États-Unis n’étaient plus en mesure d’être les piliers de l’ordre économique, financier et monétaire mondial » et qu’il s’agissait « de créer une devise de référence internationale (qu’on pourrait appeler le Global) fondée sur un panier de monnaies correspondant aux principales économies de la planète ».

Depuis lors également, LEAP n’a cessé de contribuer à créer les conditions d’initiation d’une telle réforme : identification du G20, parmi toutes les instances internationales, comme plateforme pertinente ; ciblage des G20 les plus à même d’adopter des agendas « courageux » (ceux accueillis hors zone occidentale, notamment) ; lancement du projet de rapprochement stratégique entre la zone Euro et les BRICS dans le but en particulier de créer les conditions d’un nouvel équilibre décisionnel au sein du G20, etc.

Dans le cadre de ce projet Euro-BRICS initié en 2010, les moyens que se donne LEAP consistent en la tenue de séminaires de haut niveau impliquant universitaires, représentants de la société civile et hauts fonctionnaires de la zone Euro et des BRICS ; la publication de rapports, synthèses et notes stratégiques ; un travail de « lobbying » auprès des gouvernements concernés destiné à faire connaître cet axe stratégique Euro-BRICS et plus particulièrement à faire progresser l’idée d’un Sommet Euro-BRICS, principale recommandation issue du 3° séminaire tenu à Cannes en septembre 2012.

Conséquences du délitement des institutions internationales sur le projet euro-BRICS

Jusque-là le projet Euro-BRICS se voulait clairement une contribution à la mise en place des conditions de réformes stratégiques dans le cadre du système actuel de gouvernance mondiale. Dans cette logique, le séminaire qui s’est tenu à Moscou les 23-24 mai dernier était envisagé dans la perspective du G20 de Saint-Pétersbourg en septembre 2013 et dans le but de fournir une base de recommandations aux dirigeants Euro-BRICS du G20 sur une série de thématiques jugées prioritaires, telles que monnaie, commerce et énergie.

Mais entre 2010 et 2013, l’effondrement de la crédibilité des instances de la gouvernance mondiale en matière de résolution/prévention de crises n’a fait que s’affirmer et le G20 lui-même apparaît de moins en moins pertinent comme plateforme de lancement d’une transformation en profondeur : même si les directions initiées dans ce cadre donnent certains espoirs, le tempo du changement est beaucoup trop lent au regard de celui de la crise.

C’est ainsi que le séminaire de Moscou a permis de marquer un tournant dans l’intention du projet Euro-BRICS. Au fil des discussions, une question s’est imposée : les institutions de la gouvernance globale théoriquement en charge de gérer la crise qui affecte la planète depuis maintenant 5 ans sont-elles structurellement capables d’engager les réformes nécessaires pour créer les conditions d’une amélioration de leur efficience ?

Les institutions internationales sont-elles réformables ? Est-il utile de les réformer ?

Cette question lancinante tout au long des deux journées de débats a rencontré deux moments forts. Tout d’abord lorsqu’il est apparu que la Chine, grande championne de la réforme du système monétaire international dès 2009, tout en restant favorable à une telle évolution toujours jugée « solution idéale », avait en fait abandonné le champ de bataille pour se concentrer sur sa stratégie d’accords de swap bilatéraux, stratégie ayant bien entendu le grand avantage de lui laisser les coudées franches. Plutôt que se battre contre des moulins à vent pour obtenir une bonne réforme dépendant de l’accord de puissances ne souhaitant pas aller dans cette direction, la Chine a donc opté pour une stratégie hors-cadre vers une organisation monétaire moins bonne, moins globale mais réaliste.

L’autre réflexion concerne la fameuse réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, saint des saints de la gouvernance mondiale héritée de l’après-2ème guerre mondiale, serpent de mer du débat sur la réforme des institutions internationales. À la question « le Conseil de sécurité de l’ONU est-il réformable ? », tout le monde a fini par convenir que « non ». Pire : il l’est moins aujourd’hui qu’hier. Par exemple, l’effet vertueux de la création d’un siège UE en lieu et place des sièges britannique et français sur une refonte du nombre et de l’attribution des sièges, apparaît aujourd’hui, au moment où le Royaume-Uni envisage de plus en plus sérieusement de quitter l’UE, bien plus difficile à obtenir qu’hier… et en fait impossible.

La troisième réflexion porte sur l’obsolescence structurelle des institutions internationales : à l’heure d’internet, du travail à distance, de l’hyper-mobilité, … l’industrie lourde de la gouvernance mondiale centralisée d’hier, fondée sur le regroupement de dizaines de milliers de fonctionnaires dans d’énormes bâtiments, est de facto complètement dépassée et inadaptée aux défis d’une gouvernance rendue éminemment plus complexe qu’il y a 80 ans par son caractère multipolaire notamment.

Souplesse, rapidité d’action, flexibilité, géométrie variable, légèreté, seront les maîtres-mots de la gouvernance mondiale de demain et les institutions internationales, même si le Conseil de Sécurité parvenait à s’ouvrir au Brésil et/ou à l’Inde, auront bien du mal à s’adapter à ces nouvelles contraintes.

Ces réflexions ont abouti au dédoublement de l’objectif du projet Euro-BRICS :

– d’une part, le projet Euro-BRICS continuera à produire une réflexion sur les pistes de réformes et les moyens de les mettre en oeuvre à l’intention des dirigeants du G20 / Euro-BRICS du G20

– et d’autre part, le projet Euro-BRICS ouvre un nouveau chantier d’action/réflexion fondé sur l’idée que le partenariat entre la zone Euro et les BRICS puisse servir de matrice à une nouvelle gouvernance mondiale.

Dans les deux cas, l’obtention d’un Sommet Euro-BRICS à l’horizon 2014 est jugé clé et LEAP, en partenariat avec le MGIMO et avec le noyau du réseau Euro-BRICS constitué au fil des 4 séminaires, entend y employer une grande part de son énergie.

Les Euro-BRICS comme matrice d’une nouvelle gouvernance mondiale

Cette notion de matrice d’une gouvernance mondiale rénovée est féconde. Pour preuve, appliquons-la à la réforme monétaire. Plutôt que de réclamer la création d’une monnaie globale sans avoir la latitude de l’imposer, créons entre Européens et BRICS une monnaie (ou ne serait-ce qu’un index) Euro-BRICS sur la base de nos six monnaies (Euro, Rand, Real, Renminbi, Roupie, Rouble) coordonnée par un secrétariat monétaire Euro-BRICS. Cette monnaie/index, de manière souple, pourra être utilisée par les acteurs économiques qui le souhaiteront. Une monnaie/index qui ne dérange personne mais qui devrait faire rapidement les preuves de son pouvoir stabilisateur. Cette monnaie/index matricielle pourrait être conçue dès l’origine comme apte à s’élargir à d’autres monnaies suivant une conditionnalité stricte et avoir vocation à se transformer à terme, si elle fait la preuve de son utilité, en monnaie globale.

En matière de commerce, on pourrait imaginer la création d’un secrétariat Euro-BRICS de facilitation commerciale et éviter l’ornière du partenariat de libre-échange dont plus personne ne veut et qui continue pourtant à être imposé dans le cadre habituel de la globalisation. Par example, en matière d’énergie, un accord-cadre Euro-BRICS qui pourrait s’inspirer de la CECA est négociable.

Ces quelques exercices d’application permettent de voir que le partenariat Euro-BRICS peut fournir un espace de liberté décisionnelle combiné à une immense surface d’action véritablement efficiente pour la construction d’un nouveau cadre de gouvernance mondiale. Les Euro-BRICS ne sont pas le monde mais ils en constituent une représentation pertinente par leur poids démographique, leurs complémentarités, leurs diversités, leurs communautés d’intérêts et de destin, la surface d’ et de flux qu’ils représentent – ce que ne sont pas les BRICS seuls et encore moins la zone Euro seule. Les Euro-BRICS peuvent donc se constituer en laboratoire d’une nouvelle gouvernance mondiale, transformant rapidement des décisions en actions – ce que ne parviennent plus à faire les institutions du XX° siècle – en s’imposant par la seule efficacité de leurs solutions par contraste avec l’immobilisme régnant par ailleurs.

Une matrice de ce type est en mesure d’emmener la planète vers un modèle de gouvernance moderne, souple, capable d’intégrer l’immense diversité des entités nationales et supranationales dont se couvre le monde depuis quelques décennies, un modèle décentralisé fonctionnant sur la base de toutes ces entités reliées entre elles de manière ad hoc par le biais de simples secrétariats ou instances de coordination thématiques légères, une mise en réseau à géométrie variable de tous les nouveaux piliers du monde d’aujourd’hui.

Ce document engage la seule responsabilité de LEAP/E2020 RAPPORT COMPLET DU SEMINAIRE

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