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Syrie – Un seul objectif acceptable : préparer la paix en Syrie

On a pu constater ces dernières semaines une explosion des tensions avec, du côté occidental, des tentatives d’accusations de crime contre l’humanité contre la Russie et, du côté russe, des accusations de soutien à Daesh contre l’Alliance Occidentale. Ce déchaînement de violence est, pour le moins, de nature à inquiéter : un conflit syrien qui se transformerait ouvertement en conflit Etats-Unis-Russie, chaque camp entrainant ses alliés dans son sillage, constitue une évolution qui n’est souhaitable pour personne… en particulier pas pour les Européens qui sont l’autre face de la pièce moyen-orientale : même diversité, même complexité, même secteur… si les Américains sont en mesure d’imaginer – à tort – qu’un conflit mondial pourrait les épargner de par leur isolement géographique, il n’en va pas de même pour les Européens qui n’ont pas besoin de faire un grand effort pour concevoir que leurs villes ressembleraient vite à Alep-Est.

syrie alep est

Dans ce contexte extrêmement inquiétant, notre équipe trouve utile de mettre l’accent sur la dialectique des objectifs qui traverse ce conflit. On peut repérer trois types d’objectifs dans le drame qui déchire la Syrie depuis 2011 :

. faire tomber le gouvernement de Bachar el-Assad

.  détruire Daesh et empêcher l’instauration d’un état islamique dans la région

. ramener la paix en Syrie

Le premier objectif est celui du camp américain (composé notamment aussi de l’Arabie Saoudite et d’Israël), qui ont transformé les manifestations syriennes du printemps arabes en guerre civile par l’acheminement d’armes aux « rebelles ». La situation s’est aggravée, résultant en des centaines de milliers de morts, sans pour autant parvenir à faire tomber Bachar el-Assad, jusqu’au moment où les Russes, à la demande du gouvernement syrien, sont intervenus dans le conflit en septembre 2015.

Le second objectif est celui du camp russe (par ailleurs composé de la Syrie et de l’Iran), un objectif que les attentats et les vagues migratoires ont amené les Européens à soutenir du bout des lèvres. Les Russes, fidèles à leur méthode, ne font pas dans la dentelle et pilonnent les positions ennemies, même lorsque des populations ont été prises en otage par les ennemis pour empêcher les bombardements, et permettent aux forces gouvernementales de regagner plus rapidement du terrain.

Ces deux objectifs sont complexes et, chacun à sa manière, discutables, tous deux teintés d’intérêts biaisés et de pathologies idéologiques : soutien à un dictateur d’un côté, soutien à une guérilla djihadiste de l’autre.

C’est pourquoi, il nous semble utile de réaffirmer le seul objectif universellement acceptable : faire cesser cette guerre civile. Or, puisque la guerre civile syrienne est le fruit d’un conflit saoudo-iranien escaladant à un conflit russo-américain, il devient alors évident que toute aggravation des tensions entre russes et américains ne fera qu’aggraver la situation en Syrie… et au Yemen d’ailleurs. Il s’agit donc pour les acteurs les plus neutres, de contribuer à faire baisser les tensions entre ces deux ultimes belligérants. Et puisque leur querelle vient de leurs partis pris en faveur des deux puissances régionales liées au conflit, soit l’Iran et l’Arabie Saoudite, c’est sur ce dossier que les puissances les plus neutres devraient faire plancher Russes et Américains.

Cette stratégie aurait également le mérite de remettre chacun à sa place :

. la victime : la Syrie et sa population

. les puissances régionales responsables de la crise : Iran et Arabie Saoudite

. les puissances extérieures dont le seul rôle légitime devrait être de créer les conditions du retour à une paix durable : Russie, Etats-Unis et Europe.

Si l’on y regarde de près, on s’aperçoit que la Russie, dans le cadre des négociations autour de l’OPEP, joue sa partition dans l’apaisement de ces tentions irano-saoudiennes. Les Etats-Unis d’Obama également, en acceptant que la communauté internationale lève ses sanctions, ont à un moment joué un rôle positif sur cet aspect. Mais ils sont en quelque sorte arrêtés au milieu d’un gué dans lequel les Syriens sont en train de se noyer.

Il est important de mettre noir sur blanc une autre caractéristique de l’état d’avancement de la crise syrienne : le gouvernement syrien et la Russie sont sur le point de gagner ! Et c’est cette perspective qui rend les Etats-Unis hystériques actuellement. Ils n’ont pas pu intervenir directement, bloqués et obligés à respecter les règles onusiennes, tandis que les Russes ayant été invités par Bachar el-Assad à intervenir, ont pu en toute légitimité se retrouver sur le terrain. C’est le droit international tel qu’édicté par l’Occident qui permet la victoire du dictateur sur les djihadistes. Alors, bien sûr, des questions se posent. Mais toute tentative de renversement de l’issue désormais en vue de cette terrible guerre civile n’aboutira qu’à la perpétuation de l’horreur, une victoire de l’autre camp étant forcément très éloignée désormais.

Par conséquent, pour garder la face et accompagner la fin de la guerre civile et la transition vers la paix, il est vraiment temps de préparer un Sommet de la Paix en Syrie mettant autour de la table tous les acteurs du drame et acteurs régionaux : Etats-Unis, Russie, Iran, Arabie Saoudite, France, Royaume-Uni, Turquie, Israël… Et de mettre au programme les questions de transition démocratique et d’intégration régionale. La question est : à l’invite de qui ? Quelles sont ces puissances les plus neutres susceptibles et légitimes à organiser un tel Sommet ? L’ONU ? L’UE ? L’Inde ? La Chine ?

Les héritiers de Franck Biancheri que nous sommes auraient tant voulu que ce fut l’UE…

À propos Marie Hélène

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