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Accélération de la différenciation Euroland-UE, par Franck Biancheri (Février 2012)

Un extrait du GEAB N°62 de février 2012

Parallèlement ces deux années vont voir l’accélération de la différenciation entre Euroland et UE. C’est un phénomène qui caractérisera en fait toute la décennie. L’Euroland qui fonctionne beaucoup sous forme de réseaux informels va progressivement devoir se doter de quelques bases institutionnelles. Elles seront légères car personne ne veut reproduire la bureaucratisation qui a sclérosé définitivement Bruxelles ; mais à l’image de la BCE, du MES, un secrétariat de gouvernance de l’Euroland va s’avérer nécessaire très rapidement puis certaines institutions spécifiques ainsi qu’une composante Euroland spécifique au sein du Parlement européen (réunions réservées aux députés européens des pays de l’Euroland pour discuter des questions spécifiques à l’Euroland, à l’image des sommets de l’Euroland).

Cette évolution sera d’autant plus forte et rapide que le Royaume-Uni tentera de ralentir ou bloquer les actions de l’Euroland. On a ainsi eu un exemple de l’effet contre-productif du véto britannique en Décembre dernier ; il a tout simplement obligé les autres à avancer sans Londres.

En général, les Eurolandais chercheront à utiliser les institutions communautaires existantes en écartant les non Eurolandais des processus décisionnels. Chaque fois que ce sera impossible ou trop compliqué, une nouvelle base institutionnelle sera créée. Cette évolution sera d’autant plus aisée que l’ensemble des pays de l’UE, à part le Royaume-Uni, sont en fait dans une logique d’adhésion à l’Euro[1]. La plupart des pays de l’UE savent qu’ils seront dans l’Euroland d’ici 2017 ; ce qui facilite grandement les évolutions de l’Euroland pour les années à venir.

Ainsi, après une quinzaine d’années d’errements sous influence britannique et américaine, pendant lesquelles les Européens se sont fourvoyés de projets d’élargissement sans avenir (Turquie, Ukraine,  …)[2] à des stratégies économico-financière illusoires (stratégie de Lisbonne, … ), les années à venir porteront la marque du retour à l’intégration politique et économique, comme c’était le cas lors de la première renaissance communautaire des années 1984-1992. Selon LEAP/E2020, 2012/2013 marquera ainsi le début de la seconde renaissance communautaire.


[1] Y compris le Danemark qui attend le bon moment pour un référendum sur le sujet (source : Euronews, 23/01/2012). Le cas tchèque est très simple : une fois que Vaclav Klaus ne sera plus président, la République Tchèque rejoindra le reste des pays européens pour se préparer à entrer dans l’Euro. Ce sera un phénomène semblable au remplacement, en 2007, des jumeaux polonais Kaczynski, pro-américains et anti-européens, par l’actuel premier ministre Donald Tusk, aboutissant à un virage de politique européenne à 180°. Dernière remarque sur le cas Klaus : son parti comme sa ré-élection à la présidence en 2008, via le vote des députés, font face à de multiples accusations de corruption. Sa « représentativité » de l’opinion publique tchèque se mesure à ce genre de « détails ». En 2013, le président sera finalement élu au suffrage universel. Source : Rue89, 09/02/2011

[2] Cette dérive du projet européen originel a empêché les citoyens de se concentrer sur la question du tandem gouvernance/démocratisation puisque l’Europe était une forme toujours mouvante. Ainsi, même au niveau des jeunes générations, la promotion officielle de cette Europe sans frontières a empêché l’émergence d’initiatives nouvelles pour tenter d’influer sur leur avenir. Notre équipe peut constater qu’actuellement, et à très grande vitesse, cette situation est en train de changer radicalement.

À propos Marie Hélène

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