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Le monde du business en 2025: Petit guide à l’intention des étudiants et écoles pour ne pas rater les milliards de métiers en vue, sous la direction de MH Caillol (extrait GEAB N°154)

Les deuxièmes années de l’International BBA de l’NSEEC-Paris ont appliqué les principes de l’anticipation et de l’intelligence collective au cours d’un travail d’exploration du futur sur le thème “Doing Business in 2025” sous la houlette de Marie-Hélène Caillol, présidente du LEAP. Ce travail a donné lieu à un compte-rendu dont voici une version synthétique.

L’année 2025 n’est pas si lointaine mais c’est un horizon pertinent car il correspond au moment où les étudiants débutant en business entreront résolument sur le marché du travail.

Mais, compte tenu de l’accélération des transformations socio-économiques liée à la Covid, à quoi ressemblera ce marché du travail d’ici là ? C’est ce qui préoccupe les écoles et les étudiants actuellement. Les uns et les autres sont confrontés au défi d’imaginer ce à quoi pourrait ressembler l’activité professionnelle en 2025 afin d’adapter et d’orienter dès aujourd’hui leurs parcours de formation.

Une première remarque très générale sur ce que sera le monde de l’entreprise en 2025, c’est qu’ il visera le monde de 2050. En effet, chaque génération prépare de facto l’avenir en s’appuyant sur les outils du présent. Cette remarque fournit un triple cadre temporel intéressant :
. 2050 (futur lointain) : Quel projet les sociétés humaines ont-elles en tête pour 2050 ?
. 2025 (futur proche) : Quels seront les principes, mécanismes et outils disponibles en 2025 pour aller vers ce futur lointain ?
. 2021 (présent) : Comment se préparer aujourd’hui pour maîtriser en 2025 ces principes, mécanismes et outils ?

En s’appuyant sur la méthode d’anticipation politique croisée avec les principes d’intelligence collective, notre équipe junior a mené une étude, identifiant des schémas transformationnels et en retirant des lignes directrices des parcours stratégiques de formation d’ici 2025.

Le meilleur des mondes des affaires (mégatendances)

Le processus de réflexion collective a d’abord permis d’identifier un ensemble de mégatendances conduisant à un changement systémique de notre modèle économique global.

Entre globalisation et relocalisation

La discussion a mis en évidence une double tendance ambiguë consistant à la fois en un renforcement de la mondialisation, résultant notamment de la forte poussée de la numérisation (voir point suivant) et d’autres innovations visant à renforcer la fluidité des données/marchandises telles que : les réseaux électriques mondiaux (1), le fret et la logistique basés sur les nouvelles technologies (2), la finance et les crypto-monnaies (4), etc…

Mais d’un autre côté, la crise sanitaire semble aussi avoir réduit durablement la mobilité humaine, appelant ainsi à la relocalisation des capacités de production (5). Elle a également mis en évidence le danger des chaînes complexes de production/livraison mondiales en cas de crise (6), déclenchant une toute nouvelle tendance : la quête d’autonomie dans des domaines stratégiques comme l’énergie (7), la pharmaceutique (8), l’alimentation (9)… notamment.

Ces deux tendances divergentes laissent entrevoir un monde post-covid caractérisé par une forte mobilité des capitaux et des services, une mobilité à deux vitesses des biens, et une faible mobilité des personnes (9). Un élément à garder à l’esprit lors de l’élaboration de la stratégie d’une entreprise ou d’une carrière…

Tout devient numérique

Bien entendu, la très grande tendance de transformation est la numérisation, un processus qui a débuté au milieu des années 90 avec l’arrivée d’internet qui a littéralement ouvert une nouvelle ère, vecteur de changement sociétal plus profond encore que l’industrialisation au XIXe siècle.

Vingt-cinq ans plus tard, la société humaine mondiale a connu des changements à un rythme et une ampleur inédits. La crise sanitaire a révélé le potentiel de réorganisation offert par les nouvelles technologies et le monde est résolument entré dans son ère numérique, annonçant de nouvelles étapes très prochainement avec la 5G/6G, l’Internet des objets (IoT), la digitalisation industrielle, etc… Le monde numérique est l’écosystème du business en 2025, imposant d’apprendre à l’apprivoiser et à tirer le meilleur parti de son immense puissance.

Nouvelles monnaies et nouveaux moyens de trouver de l’argent

La numérisation généralisée atteint de plus en plus la sphère financière et monétaire avec de nouvelles formes de monnaies (10) qui émergent à l’heure où les monnaies fiduciaires sont de plus en plus remises en cause (11). Crypto-monnaies décentralisées basées sur la blockchain d’une part, monnaies numériques de banques centrales (MNBC) et/ou privées d’autre part, nous obligent à anticiper les caractéristiques différentielles du système qui sera bientôt utilisé pour échanger biens et services, un système considérablement plus fluide, inclusif et globalisé qui accélérera le changement de paradigme. Ces infrastructures financières de plus en plus agiles s’accompagnent naturellement de nouvelles formes de financement basées sur la technologie qui permettront un accès plus facile au financement pour quiconque les comprendra et saura les utiliser. Les Non-Fungible Tokens (NFT, jetons non fongibles) sont l’une des nombreuses innovations dans le domaine du crowdfunding qui remplaceront bientôt les marchés financiers formels et rigides (12).

Figure 1 – Les crypto-monnaies sont-elles d’un usage répandu ? Source : Statista, 2020

Nouveaux modes d’organisation : la « libération » des travailleurs

Alors que tout l’activité économique monte à bord de l’écosystème numérique, les gens font de même et au fil de cette migration, les modèles organisationnels se retrouvent complètement bouleversés. La décentralisation et la désintermédiation règnent en maîtres. Si nos grands-parents ont gardé le même emploi toute leur vie et que nos parents en ont changé 3 à 5 fois dans la leur, les nouvelles générations mèneront leur carrière en tant que freelances (électrons libres), actualisant constamment leurs compétences, animant en permanence leurs réseaux, cherchant/inventant sans cesse des missions – seuls ou avec des équipes ad-hoc de talents complémentaires, créant de la valeur de leur propre initiative ou en réponse aux besoins exprimés par d’autres, qu’il s’agisse d’entreprises formelles ou de projets ponctuels.

Dans ce type de monde, chaque individu est sa petite entreprise et les entreprises deviennent des hubs de talents. L’indépendance d’esprit, la responsabilité, la confiance en soi, l’esprit d’entreprise sont des états d’esprit à nourrir, sachant que le succès viendra moins de la capacité à être embauché par une entreprise que de celle d’être agile et rapide à repérer/créer les missions ponctuelles où ses talents seront nécessaires.

Entre-temps, les entreprises devront également comprendre et s’adapter à cette nouvelle réalité et apprendre à repérer et à attirer les talents dont elles ont besoin, tout en trouvant les moyens de motiver ceux qu’elles veulent garder dans un contexte de forte mobilité/volatilité professionnelle.

Cette atmosphère générale de coopérations libres et ponctuelles touchera très probablement les entreprises qui devront elles aussi apprendre à travailler avec des organisations publiques dans le cadre de Partenariat Privé-Public (comme le montre le secteur automobile travaillant main dans la main avec les autorités locales (13)) mais aussi avec d’autres entreprises privées (14)- qu’elles soient concurrentes ou complémentaires.

De nouveaux outils d’information et de communication : Créer de la valeur se démocratise

La décentralisation et la désintermédiation remettent déjà en question le rôle et le mode opératoire des médias. Au final, être correctement informé dépendra de chacun et non plus de tel ou tel média. À cet égard, l’éducation sera essentielle et visera à fournir des outils et des méthodes permettant aux individus de naviguer dans un océan d’informations et de parvenir à en tirer un sens rationnel.

En termes de communication, les outils et méthodes pour faire sa propre publicité, celle d’un projet ou celle d’une entreprise seront les mêmes. Ils consistent à jongler avec les réseaux sociaux et le minage des données. Mais qu’il s’agisse d’une grande entreprise multinationale ou d’un particulier, les outils sont les mêmes, la différence étant l’intelligence humaine qui les utilise. L’écart entre les grandes et les petites entités s’en trouve réduit comme jamais auparavant, les grandes ayant simplement plus de pouvoir pour attirer les meilleurs éléments de leur domaine.

Le monde numérique est donc fait pour démocratiser le business, la création de valeur, en mettant à la disposition de tous des outils qui étaient auparavant uniquement accessibles aux grandes entreprises/institutions : financement, information, communication pour n’en citer que quelques-uns.

La fin de l’économie bon marché

L’inflation est de retour (15). Certains pensent qu’il ne s’agit que d’une tendance temporaire liée au redémarrage économique post-Covid. Nous pensons que l’effet pourrait être plus durable que cela. En fait, nous en sommes venus à penser que la crise de la Covid pourrait avoir mis fin à l’ancien modèle économique qui avait pour caractéristique d’être « bon marché », au profit d’un modèle plus complexe.
Le modèle de l’économie bon marché consistait à produire toujours moins cher pour vendre toujours plus à des populations toujours plus pauvres (plus pauvres car prisonnières du système de production et de rémunération bon marché). Ce modèle touche à sa fin pour deux raisons : il ne peut pas être moins cher autrement qu’en faisant basculer les populations dans la pure pauvreté (et la non-consommation) et il est à l’origine de la crise environnementale à laquelle le monde a enfin décidé de s’attaquer. Comme un signal clair de ce renversement de tendance, l’impôt est de retour (16)!

A la question: “Où est le bouton d’arrêt et qui peut l’appuyer ? “, eh bien, la Covid a appuyé sur ce bouton rouge.

Désormais, plusieurs tendances pourraient s’installer :

. relocalisation (comme mentionné ci-dessus), au détriment de l’ancien système mondial qui reliait tous les endroits les moins chers de ses chaînes de valeur (17)
. inflation/prémiumisation des biens matériels superflus, entraînant une réduction quantitative de la consommation sans (trop) réduire les profits
. problème sur les biens matériels de première nécessité (nourriture, médicaments,…), nécessitant un encadrement public (nouvelles formes de nationalisation) et des innovations (viande cultivée en laboratoire, etc.)
. économie non matérielle bon marché (e-loisirs, e-tourisme, jeux, e-culture, production de films de type Netflix,…)
Ce virage ne sera pas simple à négocier, mais l’avoir à l’esprit peut aider à faire les bons choix de carrière et d’entreprise.

L’e-économie du loisir : Des frontières floues entre travail et loisir

L’évolution du modèle économique peut être comprise comme suit : après la chasse-cueillette, est venu le temps de l’agriculture et de la construction, puis de l’artisanat et de la production industrielle, puis des services. Maintenant, c’est le temps de l’économie des loisirs qui s’ajoute à toutes les étapes précédentes… Cette économie sera virtuelle, massive, bon marché, et non matérielle (un peu d’électricité, de la créativité et du temps humains). Elle sera faite de sports et de jeux électroniques, de tourisme virtuel, d’industries musicale et cinématographique, de contenus et d’outils culturels et éducatifs, … poussés à des sommets sans précédent.

Ce qui est intéressant dans ce modèle, c’est que les consommateurs et les professionnels seront pour la plupart les mêmes personnes et que la frontière sera mince entre un joueur et un professionnel du jeu, un amateur de musique et un musicien professionnel… Les hobbies se transformeront facilement en emplois dès lors que l’environnement numérique sera bien compris et que les techniques commerciales (business model, marketing, communication, mise en réseau, information…) seront correctement gérées.

L’éthique dans les affaires – Entreprises conscientes des enjeux sociaux et environnementaux : Des frontières floues entre professionnels et citoyens

Après trois décennies de make business not politics, la politique revient… par le biais du business. Les entreprises sont désormais les promoteurs et les acteurs les plus influents de la sensibilisation sociale et environnementale. Soi-disant sous la pression des citoyens, en fait sous celle des médias… détenus par des entreprises. Fondamentalement, les préoccupations sociales et environnementales sont dans l’intérêt de tous mais en particulier des entreprises : elles leur donnent accès à des allègements fiscaux et des subventions publiques en échange de leurs ” efforts ” d’innovation/modernisation.

Moins cyniquement, en 2025, le fait est que les préoccupations des citoyens rempliront les entreprises de responsabilité civile via leurs employés. Dans le modèle du hub décrit plus haut, les nouvelles générations connecteront leurs talents à des projets qui ont un sens social et environnemental pour elles.

Des milliards d’emplois en vue !

Dans ce prochain modèle économique, l’économie matérielle sera en grande partie automatisée, numérisée, robotisée, dotée d’IA,… laissant les experts du futur prophétiser une société sans emploi peuplée de 0,1% de Dieux et de 99,9% d’Inutiles (18). Eh bien, ce n’est pas ce que nous pensons…

Tout d’abord, la Covid a pour conséquence de rediriger l’argent, qui alimentait auparavant les valeurs technologiques, vers l’économie réelle. Des programmes publics d’infrastructures lourdes sont lancés en Europe et aux Etats-Unis sur la forme des plans de relance massifs décidés pendant la pandémie (19). La priorité à la numérisation des industries lourdes comme l’automobile permet d’anticiper de nouveaux modèles de production où l’humain restera en fait central, notamment en raison du format décentralisé annoncé (réseaux de petites unités de production interfacées par des êtres humains (20)). Derrière l’innovation, l’homme est présent à chaque étape. Par conséquent, même dans l’économie réelle intelligente, des bassins d’emploi existent.

Mais surtout, c’est l’économie virtuelle qui promet de l’activité pour tous, comme le montre le chapitre précédent. Et c’est là que tout devrait commencer désormais, car même les emplois de l’économie réelle exigeront la maîtrise du monde numérique et c’est là que les travailleurs libres et les entrepreneurs s’épanouiront.

La jeunesse est déjà familiarisée avec ce monde, contrairement aux générations plus âgées qui jettent actuellement l’éponge et prennent leur pré-retraite quand elles le peuvent (les quinquagénaires en particulier), laissant la place aux premiers – une différence énorme avec la génération X qui a passé toute sa vie professionnelle écrasée par la génération des baby-boomers (et quand enfin ces derniers prennent leur retraite, la Covid arrive…).

La croissance économique déjà annoncée sera donc pour la prochaine génération, pour autant qu’elle soit intelligente, audacieuse, consciente et correctement formée.

Parmi les secteurs prometteurs, nous avons repéré :

. Le tourisme et l’e-tourisme : en pleine réinvention, conformément aux analyses du GEAB de l’été 2019 (21), le tourisme physique devient premium tandis que le tourisme de masse passe sur internet.
. Nouvel espace : avec sa privatisation en cours, l’espace offre un nouvel écosystème qui appelle des milliers d’emplois différents dans tous les secteurs (22).
. Sports et e-sports : le sport n’est qu’un segment de cette industrie numérique des loisirs qui, selon nous, atteint actuellement une nouvelle dimension, entraînant des milliards de personnes dans de nouvelles façons de pratiquer le sport, d’expérimenter d’univers du sport et de travailler dans le sport (23).
. Santé : un changement de paradigme est en cours en ce qui concerne la manière dont la santé et le bien-être des personnes seront pris en charge et par qui, ce qui ouvre de nouveaux horizons pour des pans entiers d’emplois différents (24).
. Le luxe : une communauté mondiale d’ultra-riches représente une population de la taille d’un pays (15) à qui les marques de luxe peuvent vendre des produits et des services human-made de qualité. Un autre écosystème qui emploiera des millions de personnes dans le monde entier dans tous les secteurs d’activité (26).

Figure 2 – Où vivent les ultra-riches. Source : Visual Capitalist, 2021

. Immobilier : même l’immobilier est confronté à des opportunités et des défis avec des villes qui apparaissent et se développent dans le monde entier, des contraintes environnementales qui appellent des solutions innovantes, des plateformes en ligne qui remplacent les agences, des agents qui doivent évoluer, etc (27)….
. L’économie bleue : un tout nouveau secteur d’activité réside dans les océans qui sont de plus en plus exploités (de la pêche classique et du tourisme de bord de mer à l’exploitation minière des fonds marins, la bio-prospection,…) nécessitant l’inclusion des principes de durabilité dès le début (28).

Ce qu’il faut apprendre pour être prêt (compétences, connaissances, stratégies de formation)

Améliorer notre compréhension de l’avenir n’a de sens que dans la mesure où cela nous aide à nous y préparer. Par conséquent, sur la base de la quantité de connaissances et de la compréhension rassemblées dans ce rapport, il est maintenant temps de voir comment un étudiant de 20 ans, en 2021, élabore une stratégie pour ses études afin d’être prêt pour le monde des affaires de 2025… et/ou comment les écoles incluent cet apprentissage pour améliorer leur offre éducative.

Nous avons identifié un certain nombre de compétences et de connaissances clés dans cette perspective :

Adaptabilité, résilience, agilité

Tout au long des cours et des disciplines, les étudiants devraient apprendre que le changement constant sera l’environnement naturel de leur carrière et que la première qualité qu’ils devraient acquérir est l’adaptabilité. Une fois que l’on a dit cela, il reste à voir toutes les méthodes nécessaires pour être soi-même adaptable mais aussi pour construire et gérer des organisations agiles. Ces méthodes comprennent des techniques de mise à jour de l’information, de remise en question des certitudes, d’application de dates de péremption sur tout, de révision permanente des objectifs et des stratégies, de mise en réseau et de construction d’intelligence et d’adaptabilité collectives, de valorisation de la créativité, etc….. La résilience et l’agilité sont les résultats recherchés.

Langues

Si l’internet a permis de relier les gens en anglais principalement au cours des 25 dernières années, les développements récents suggèrent deux tendances supplémentaires : premièrement, tout le monde est désormais embarqué dans cette infrastructure de travail numérique globale et non plus seulement la partie internationale érudite ; deuxièmement, nous avons identifié plus haut la réaffirmation des sentiments nationaux ou culturels et les relocalisations. Il est clair que le moment est venu de réapprendre les langues afin de naviguer dans un nouveau monde d’opportunités – en se concentrant sur les plus pertinentes : anglais, espagnol, français, portugais, chinois, arabe, russe ou hindi. Un étudiant européen doit s’assurer qu’il connaît au moins deux langues européennes (y compris la sienne) et une langue extra-européenne. Parler une langue maternelle moins courante pourrait fournir une stratégie pertinente pour une 4ème langue.

Figure 3 – Les langues les plus parlées. Source : Busuu

Anticipation, prévision…

Le changement étant un processus sans fin, prêter attention aux tendances et aux évolutions en cours ne sera pas une option dans nos carrières. S’adapter soi-même peut se faire assez rapidement, mais quand il s’agit d’un groupe ou d’une organisation, les processus d’adaptation ne sont pas aussi aisés. Il sera donc essentiel d’avoir une meilleure visibilité sur les défis à venir pour nos projets. La capacité d’anticipation est l’une des caractéristiques de l’état d’esprit requis pour éviter le stress des décisions prises à la dernière minute une fois que les crises sont sur la table. Le leadership et l’anticipation vont de pair. Sachant que dans le monde décrit ci-dessus, nous serons les leaders de nos propres vies bien plus que ne l’étaient nos ancêtres, brancher nos cerveaux sur des dispositifs d’anticipation n’est pas une perte de temps.

Culture générale

Un grand défi dans notre société virtualisée, obsédée par l’avenir est de parvenir à se reconnecter au passé et à la réalité. Cependant, la réalité à laquelle nous devons nous reconnecter ne peut plus être celle de nos seuls mondes nationaux limités. Si nous devons rester conscients de qui nous sommes, où nous vivons et d’où nous venons (éducation nationale/continentale), un effort plus important doit être fait en faveur d’une culture globale : les langues vues précédemment appartiennent à cette catégorie, mais il faut y ajouter l’apprentissage des grandes lignes de l’histoire ancienne et récente des autres continents, l’histoire des conflits actuels, une connaissance plus précise des grandes puissances mondiales et de leurs gouvernements, les alliances et les inimitiés de ces puissances ainsi que leur rapport économique et politique au monde (géopolitique, géo-économie), géographie, caractéristiques économiques des pays et des continents et stratégies. Si les jeunes d’aujourd’hui (et pas seulement eux) partagent ce sentiment d’être ” perdu “, c’est surtout parce que le monde dans lequel ils évoluent de fait n’est pas assez expliqué par les médias et les systèmes éducatifs.

Les écoles devraient aider… au moins à nous guider dans les “océans d’informations” disponibles à ce sujet. Mais ce à quoi l’école doit aussi aider les jeunes, c’est à intégrer comme une compétence permanente le fait d’actualiser constamment la vision large (globale) d’un présent dynamique (ancré dans le passé et projeté dans le futur).

La culture du numérique et des données

Chaque école doit élever la culture numérique de ses élèves comme une priorité civilisationnelle (29). La difficulté étant que les aînés sont moins avertis que les jeunes dans ce domaine… Nous voyons donc le rôle de l’éducateur comme celui d’un guide accompagnant ses élèves à travers les dangers et les leçons des terrae incognitae de données. Les éducateurs devraient identifier les outils que les futurs professionnels doivent maîtriser : des infrastructures physiques numériques au minage de données, en passant par l’informatique de base, les questions de sécurité, les acteurs numériques (secteurs et entreprises mondiales – Est et Ouest), l’autopromotion sur les réseaux sociaux, la recherche sur le web, la création de valeur, la blockchain, les monnaies crypto et numériques, les fintech, etc… L’environnement ludique du “gaming” est probablement l’environnement parfait pour ces explorations éducatives transgénérationnelles.

Multidisciplinarité, curiosité

Dans un monde où les machines sont les experts, la vision globale est une valeur ajoutée humaine. Et tout comme les perspectives temporelle et spatiale sont nécessaires (points précédents), la multidisciplinarité est essentielle. Dans le monde du business de 2025, encore plus qu’aujourd’hui, nous devrons savoir communiquer, nous financer, comprendre les tendances économiques, mais aussi être des personnes éduquées capables de tenir une conversation civilisée, ainsi que maîtriser les outils technologiques, être capable de comprendre les aspects techniques du produit que nous vendons, et de le relier au vaste écosystème auquel il est appartient, etc… Les écoles fournissent déjà cette vision large. Cependant, la mise en évidence des liens entre toutes les matières qui sont enseignées pourrait être accrue. Créer les conditions pour susciter intérêt et curiosité, voilà ce à quoi les éducateurs pourraient aider leurs étudiants.

Information, recherche et techniques d’étude

Les étudiants se considèrent avertis en matière de recherche en ligne, cependant des marges d’amélioration existent et nécessitent la mobilisation de l’expérience de leurs aînés. Cette étude a mis en évidence l’importance des processus de questionnement et de formalisation de questions comme préalables à toute bonne recherche sur Internet. L’esprit critique est également important pour comprendre et analyser les informations trouvées sur le net (source, date, lieu,…), ce à quoi les étudiants ne prêtent guère attention, prenant ainsi des rapports périmés pour des informations précieuses ou des études nationales pour des vérités globales. On peut insister sur l’importance de la diversification des informations, de la comparaison et de la compréhension individuelle.
Cela fait 20 ans que la recherche d’informations est devenue si facile qu’il semble inutile de l’enseigner, mais en fait, les techniques d’info-recherche-étude doivent maintenant relever le défi de surfer des océans de données.

Expression/communication (orale, écrite, visuelle, numérique)

Le nouveau monde du business est fait de partage d’informations, d’autopromotion, de réseautage, de discussions, d’échanges, de communication. Cependant, du moins en Europe, l’expression écrite de l’étudiant moyen est une catastrophe. Le problème est que l’écriture est le meilleur moyen d’apprendre à organiser des idées, à faire des démonstrations rationnelles, à convaincre les autres de réalités complexes,… Ainsi, l’alphabétisation de base inclut toujours l’écriture, contrairement à ce que certains peuvent penser, et l’enseignement supérieur doit combler les lacunes du primaire et du secondaire en la matière.

Mais force est de constater qu’écrire correctement n’est plus suffisant dans ce monde de la communication. L’expression doit être vue sous un angle plus large et inclure la prise de parole en public bien sûr, mais aussi la conception graphique et la présentation propre de documents, la fabrication de vidéos, de podcasts, de présentations Powerpoint, qui sont tous des outils-clés pour une carrière réussie.

Autonomie, confiance en soi, curiosité

Le fait que le professionnel du futur soit, avant tout, un e-freelancer suggère que l’autonomie sera un atout fort qui, selon nous, résultera d’une “confiance en soi justifiée” (“justifiée” rappelle que la confiance en soi qui n’est pas ancrée dans les connaissances et les compétences est un leurre). Or, nous pensons que le but de l’éducation est de créer les conditions pour que la confiance en soi s’épanouisse. Un jeune qui entre sur le marché du travail doit savoir qui il est et ce qu’il veut, être sûr qu’il a quelque chose de précieux à offrir et être capable de le faire savoir aux autres. S’il ajoute à cela une curiosité pour la nouveauté, il est prêt pour une longue et riche carrière.

Travail en équipe, réseau, intelligence collective

Cette étude est le résultat d’une méthode “d’intelligence collective du futur” où les différences entre les membres de la classe se sont combinées en recherches multidirectionnelles mises en commun par le biais de séances de brainstorming, de partage de documents et de divers moyens de comptes rendus. Dans l’entrepreneuriat numérique free-lance de demain, la capacité à cultiver des réseaux, à identifier des talents complémentaires, à constituer des équipes ad’hoc, à travailler en intelligence collective,… sera clé. À ce stade, les modèles éducatifs ne sont pas tellement axés sur le travail en équipe, bien que des méthodes soient déjà disponibles sur Internet. Des cours axés sur des projets ou des missions pourraient aider les écoles à passer naturellement à des modèles organisationnels plus proches de ceux du monde du business de 2025.

Conclusion

Cette liste de compétences et de connaissances à cultiver pour être prêt à faire du business en 2025 n’est pas exhaustive. En outre, le futur ne sera certainement pas exactement tel qu’il est présenté dans ce petit guide. Le message central de cette étude est donc le suivant : l’intelligence du futur est une compétence déterminante, chacun doit apprendre à se projeter constamment dans l’avenir et à mettre à jour sa compréhension du futur en vue de s’adapter, de prendre des décisions stratégiques pour lui-même, sa famille, sa carrière et ses missions futures. La compréhension de l’avenir est non seulement essentielle et possible, mais elle nécessite de brancher des systèmes de mise à jour de l’information et d’apprentissage. Rien n’est vrai pour toujours, surtout (mais pas seulement) en ce qui concerne l’avenir. Le défi consiste donc à comprendre et à examiner les tendances le plus tôt possible afin de disposer du temps nécessaire pour effectuer les choix requis. Comme le révèle l’anticipation stratégique, le Titanic a pris les bonnes décisions… mais trop tard. Oui, la stratégie, c’est la gestion du temps

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Notes :

[1]     Source : Joint Research Centre, European Commission

[2]     Source : TheCourier, 09/04/2021

[3]     Source : BIS, 27/01/2021

[4]     Source : UNCTAD, 02/09/2020

[5]     Source : McKinsey, 06/08/2020

[6]     Source : Sage Journals, 21/10/2020

[7]     Source : EFPIA, 15/07/20

[8]     Source : Euractiv, 08/01/2021

[9]     En référence à la règle des 4 mobilités du marché unique : capitaux, biens, services, personnes… Source : European Commission

[10]     Sources : Financial Brand, 07/04/2021 ; CNBC, 25/02/2021 ; Thales, 2021 ; etc…

[11]    Source : Financial Sense

[12]     Source : The Verge, 11/03/2021

[13]     Source : Autonomy, 18/02/2021

[14]     Source : CSIS, 01/05/2017

[15]     Source : MarketWatch, 17/02/2021

[16]     Source : The Guardian, 07/04/2021

[17]     Source : Caisse des Dépôts, 02/03/2021

[18]     Source : The Guardian, 20/05/2016

[19]     Source : Politico, 07/04/2021 (US) ; Euractiv, 15/12/2020 (EU) ; New Horizons, 09/03/2021 (CN)

[20]     Source : Les avantages de la fabrication décentralisée, Chron

[21]     Source : GEAB, 15/07/2019

[22]     Source : GEAB, 15/02/2021

[23]     Source : VentureBeat, 18/01/2020

[24]     Source : Digital Authority, 04/01/2021

[25]     Source : VisualCapitalist, 14/04/2020

[26]     Source : Reuters, 30/10/2020 ; JingDaily, 13/01/2020

[27]     Source : Next

[28]     Source : Blue economy, Wikipedia ; TheBorgenProject, 18/08/2020

[29]    Source : Privacy Hub, 04/03/2021


À propos Marie Hélène

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